Je marchais dans la rue, rentrant du magasin, quand Arthur m'appela de loin. "Virgile!" Je me retourne il s'approche rapidement de moi, me regarde dans les yeux et me dit "J'ai besoin que tu me prêtes un peu de thunes. Je dois 300 € à un mec à qui j'ai carotte de la beuh. Le gars est énervé. Il avait laissé un paquet de sa beuh quand j'étais à la soirée de Jean-Jacques et la gars il se casse en courant sans son sac! J'avais un peu picolé et Jean Jacques m'a dit que sa copine avait eu un accident. J'étais pompette et à un moment donné Jean Jacques commence à me casser les couilles, il me parlait de mon père et de conneries dans l'entreprise où il avait un stage. Je lui disais de changer de sujet mais il voulait vraiment me prendre la tête ce batard! J'suis allé pisser dans les chiottes et quand j'suis revenu j'ai vu le paquet de beuh j'me suis dit 'allez, c'est pour bibi' j'l'ai foutu dans mon calbar et j'me suis barré. Et le gars est venu sonner chez moi 2 jours plus tard, c'est ma mère qu'a répondu! J'étais en stress surtout que j'avais fumé genre 7 ou 8 pet' avec Victor la veille et vendu 150 grammes à Picsou. Le mec on était à deux doigts de se battre. Je lui ait rendu sa beuh et il m'a fait promettre que je lui rembourserais le reste le soir même. Là j'ai plus rien sur mon compte, je flippe qu'il parle à ma mère si je lui rend pas. Il me manque 150 €, tu crois pas que tu pourrais me les avancer?"
5 minutes auparavant je me demandais quelle sauce je mettrais avec mes tagliatelles, maintenant je dois considérer un prêt pour un pote peu fiable niveau thune. Ca va, mon coeur bat toujours. Mais j'ai déjà pas mal dépensé pour noël, je sais pas où j'en serais dans 3 mois. Cet enfoiré sera à Berlin avant que j'ai le temps de l'appeler. Je soupire. "Mec, j'aimerais t'aider mais tes galères ça serait bien que tu les assumes de temps en temps. Et puis j'suis sur à 60 % que tu me rendras pas ma thune."
Il me regarde d'un air suppliant "J'ai personne d'autre à qui demander, le gars sera chez moi ce soir! Tu peux me faire confiance mec, cette fois c'est important si tu me passes pas l'argent je suis vraiment dans la merde."
J'ai du mal à le regarder dans les yeux "J'suis désolé mec, je peux pas continuer à payer les pots cassés. J'aimerais bien t'aider mais je peux pas. Le gars va dire à ta mère que tu fumes de la beuh, je m'excuse mais t'as 22 ans! Elle s'en remettra, elle sera un peu verte c'est tout." J'ai la voix qui tremble. Arthur avance sur moi : "Putain ça va là, si elle l'apprend elle arrêtera surement de payer l'école, je serai niqué dans mes études, je peux pas foirer une autre année. C'est pas compliqué, on est potes je te rendrai l'argent. Steuplé!"
Je me remet sur le chemin de la maison, j'espère que je marche droit, que mes vêtements sont pas trop laids. J'espère qu'il ne voit pas que je suis à deux doigts de pleurer. Il met sa main sur mon épaule pour que je m'arrète. Je m'appuie contre le mur, lui se tient droit. Je jette un regard vers lui, j'ai l'impression qu'il remplit tout mon champ de vision. Je suis cette petite chose pathétique, dégoutante, il me dit "Ne rends pas ça difficile, tu sais que j'te le demanderais pas si j'étais pas obligé. On est potes, non?"
Je met ma main dans ma poche, je lui tends ma carte de crédit. Il me dit "Qu'est-ce tu fais? On va y'aller à deux." Il est étonné. Je lui écris 7886 sur la main, je prends mes courses et je rentre chez moi. 20 minutes plus tard il sonne à la porte, je ne répond pas, je ne peux pas me lever de mon lit.